Origine et histoire de la Chapelle Notre-Dame-des-Miracles
La chapelle Notre‑Dame‑des‑Miracles se trouve au 13 rue Velouterie à Avignon, dans le Vaucluse. Elle a été édifiée par le pape Jean XXII à la suite d’un miracle survenu en mars 1320 lors de l’exécution d’un condamné au bûcher. L’église a été implantée sur un vaste terrain près de la porte Saint‑Roch, divisé en lots pour assurer des revenus réguliers ; ces divisions, encouragées en 1327 par le camérier Gasbert de Laval puis en 1331 par les chapelains, entraînèrent la formation du « bourg des Miracles ». Le chœur, financé par Jean XXII, fut achevé en 1327 et réalisé par le lapicide Jaume Alasaud, intervenant également au Palais des papes et à l’église Saint‑Didier, probablement sa première œuvre à Avignon. La nef, plus tardive, fut terminée entre 1340 et 1350 grâce au patronage de Gasbert de Laval. Vers 1343, Gasbert de Laval fit construire à proximité un couvent destiné aux femmes repenties, anciennes prostituées accueillies pour faire pénitence ; l’afflux de population lié à la cour pontificale avait en effet augmenté la prostitution en ville et, dès les années 1360, l’établissement devint insuffisant. Sous le pontificat de Grégoire XI, une tribune fut aménagée dans la chapelle pour permettre aux repenties de suivre la messe discrètement. En 1435, le chapitre de Saint‑Agricol fit ériger au nord de la chapelle un couvent des Frères de la Merci qui utilisèrent l’édifice pour leurs offices ; après un scandale, les frères quittèrent les lieux en 1574 et leurs bâtiments furent confiés aux Minimes grâce au cardinal Georges d’Armagnac. En 1577, appuyés financièrement par le cardinal, les Minimes s’installèrent dans le couvent des Repenties, déplacées à l’ancien hôpital Saint‑Michel, et firent construire un nouveau couvent en grande partie conservé au sud de l’église, tandis que l’ancien établissement des Frères de la Merci était démoli. Au XVIIe siècle, le couvent connut son apogée avec environ vingt‑cinq membres ; en 1618, Armand du Plessis, futur cardinal de Richelieu, banni à Avignon, assista aux offices des Minimes dans la chapelle. Fortement prisé par la haute société avignonnaise, le couvent accueillit des inhumations de personnages importants et fit l’objet de transformations au XVIIe siècle dans une chapelle au nord du chœur. En 1709 on rehaussa le chœur et on agrandit les fenêtres du côté sud de la nef, probablement sous la direction de Pierre II Mignard assisté de Pierre Thibault. En 1739, la façade menaçant ruine fut démolie jusqu’aux fondations, de même que la première travée de la nef et une chapelle latérale, puis reconstruite par le frère de Pierre Thibault avec une voûte en berceau à lunettes et une tribune sur voûte surbaissée ; un procès intenté par les Minimes contre l’architecte prit fin en 1745. La chapelle et le couvent furent sécularisés pendant la Révolution : ils servirent de logements pour des volontaires, la communauté des Minimes fut dispersée le 15 juin 1791 et le couvent vendu comme bien national en l’an IV. Sous la monarchie de Juillet, des appartements furent aménagés dans la première travée de la nef et sur le côté sud ; au début du XXe siècle une entreprise de robinetterie s’installa, puis, de 1932 à 1999, l’entreprise Grillot y fabriqua des pompes. Rachetée et sauvée de la ruine par des particuliers occupants des appartements créés au XIXe siècle, la chapelle attend une restauration tout en accueillant des manifestations culturelles. Elle est inscrite au titre des monuments historiques depuis le 24 novembre 1948.